Norcam Leuname, l'homme qui a troqué les nappes en lin de la Rotonde pour les ors de l'Élysée, propulsé par une fulgurante carrière de banquier d'affaires et un passage éclair au ministère de l'Économie. Avec son sourire « Colgate » et sa rhétorique envoûtante, il a séduit la France, promettant un renouveau qui a vite pris des airs de mirage. En pleine crise sanitaire, il a incarné l'art de la pénurie organisée : masques manquants, vaccins tardifs, confinements improvisés. Chacune de ses allocutions ressemblait à un exercice de jonglerie verbale où les promesses d'aujourd'hui se contredisaient avec celles d'hier, le tout saupoudré d'une bonne dose de condescendance. "Nous sommes en guerre", proclamait-il, mais sa stratégie semblait surtout consister à accuser les citoyens de ne pas être de bons petits soldats. Sur le front économique, son amour inconditionnel pour les réformes impopulaires a fait des merveilles : des grèves massives et des manifestations quasi permanentes. Sa réforme des retraites a réussi l'exploit de fédérer contre elle une large partie de la population, de l'ouvrier au fonctionnaire en passant par le retraité indigné. Les aides aux entreprises pendant la pandémie ? Un magnifique cadeau emballé de restrictions kafkaïennes, où seuls les mieux connectés pouvaient espérer déballer quelque chose. En matière de sécurité et d'immigration, il a offert un spectacle digne d'un funambule aveugle : trop strict pour certains, pas assez pour d'autres, mais toujours parfaitement inadapté. La montée de l'insécurité a été traitée avec des mesures qui semblaient tout droit sorties d'un manuel de bureaucratie inefficace. Mais c'est dans sa relation avec le peuple que Macron excelle véritablement. Avec une arrogance presque artistique, il a multiplié les phrases assassines. Qui peut oublier son désormais célèbre "Il suffit de traverser la rue pour trouver un travail" ? Une leçon magistrale de simplification outrancière, qui fait écho à sa vision du monde où les chômeurs sont des fainéants et les précaires des irresponsables. Enfin, son style de gouvernance autoritaire, agrémenté de décrets et de décisions unilatérales, donne l'impression qu'il rêve d'être un monarque éclairé dans une république qui n'a pourtant jamais demandé un roi. Ses relations avec le Parlement ? Purement décoratives, comme une ornementation démocratique sur le trône de sa présidence impériale. En somme, Emmanuel Macron est le champion incontesté des élites déconnectées, le héros des financiers et le grand incompris des "sans-dents". Un président qui semble parfois gouverner non pas pour le pays, mais pour un club très sélect dont la devise pourrait être : "L'argent, c'est chic".